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#4

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Edito

Par Emily BELTROL

Le dossier du mois

Interview d'Eric VEJDOVSKY : Gagner en performance grâce à l'écoute active

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Le saviez-vous ?

Le contrat d'apprentissage, un net regain d'intérêts

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Figure Libre

L'environnement nous empêchera t-il un jour de travailler ?

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EDITO

Par Emily BELTROL

Recherche de performance, de croissance ou encore de profits, tels sont les objectifs communs de nos entreprises. Pour ce faire, les organisations s’appuyaient jusqu’alors sur les principes issus du modèle tayloro-fordien et ses variantes, essentiellement basés sur la spécialisation des salariés. Ce mode de fonctionnement a longtemps guidé l’action des entreprises et du management, mais est actuellement remis en cause par la génération Y qui, peu à peu, influence et impacte toute la sphère professionnelle.

Les dirigeants d’entreprise, leurs collaborateurs et plus globalement notre société, sont désormais en quête de sens et plébiscitent de nouvelles valeurs collaboratives remettant en cause les anciens paradigmes.

Le rôle des managers évolue. Les attentes de la part de leurs entreprises comme celles des collaborateurs qu’ils encadrent sont également grandissantes. Désormais, ils doivent aussi motiver et inspirer pour attirer et fidéliser leurs collaborateurs. Cela peut être aussi déroutant que fascinant. Il n’est donc pas étonnant que certains managers soient déconcertés, voire désarmés par ces transformations qui les impactent de premier chef.

Une des clefs pour accompagner la transformation du rôle de manager est l’écoute active. Dans notre dossier du mois,  nous donnons la parole à Ericqui témoigne de l’importance fondamentale de l’écoute active dans le développement du capital humain de l’entreprise. Passionnant.

Investir dans le capital humain, c’est aussi former la nouvelle génération grâce notamment à l’apprentissage. Nicolas vous expliquera comment vous pouvez vous inscrire dans une politique RH par l’apprentissage.

C’est également développer une démarche écoresponsable plus connue  sous l'acronyme RSE (Responsabilité Sociale de l’Entreprise). Dans notre figure libre, Laura s’interroge sur le dérèglement climatique que nous connaissons actuellement, son impact et les conséquences sur notre vision de la valeur travail dans un contexte de réforme systémique où l’âge de la retraite ne cesse de reculer.

Bonne lecture.

MOTIVER VOS SALARIÉS ET GAGNER
EN PERFORMANCE GRÂCE À
L'ÉCOUTE ACTIVE

LE DOSSIER DU MOIS

Par Emilie LEZY

L'Interview d'un coach d'entreprise

 

Eric VEJDOVSKY, coach, consultant et formateur, nous présente son point de vue sur l’écoute active et l’intérêt de sa mise en oeuvre en entreprise.

Eric, qu'est-ce que "l'écoute active" ?

L’écoute active est une technique de communication, développée à partir des travaux du psychologue américain, Carl ROGERS, et basée sur le principe selon lequel chaque individu a en lui-même les ressources nécessaires à son développement personnel. Elle suppose que l’écoutant se mette en situation d’écoute authentique, sans chercher à interpréter ou juger son interlocuteur.

Par cette technique, qui mêle bienveillance et respect, l'émetteur permet à l’autre d’instaurer une véritable communication, à partir d'une intention sincère et positive, pour créer les conditions d'une relation équilibrée, ce que l'on peut résumer par la formule "la qualité du retour dépend de la qualité de l'aller".

Est-ce que chacun peut se placer en situation d'écoute active ?

Bien sûr, même si c’est un travail délicat.

Si nous exerçons tous, naturellement, dans notre quotidien, une forme d’écoute ; elle est empreinte de notre histoire personnelle, de notre personnalité, de nos valeurs, etc.

J’écoute avec ce que je suis. Or, l’écoute active suppose que l’écoutant mette de côté, pendant le temps de l’échange, sa personne, ses valeurs pour prendre conscience des valeurs de son interlocuteur.

C’est en cela que c'est délicat.

En effet, il suffit d'observer au quotidien le nombre de fois où nous vivons ou constatons un choc de valeurs dans nos relations interpersonnelles. Ce choc est produit par un contresens qui nous fait considérer que nos valeurs constituent ce qui nous anime au plus profond de nous-même et que nous ne pouvons pas transiger avec elles sans nous renier.

"La quête de sens (...) doit être plus que jamais être au cœur de la stratégie de toute entreprise"

Les questions de politique et de religion en sont des exemples flagrants. Qui n’a pas vécu l’expérience d’un repas animé au cours duquel sont évoqués ces sujets et où chacun brandit ses valeurs, comme des boucliers derrière lesquels nous ne pouvons plus nous écouter, puisque nous ne nous regardons plus...

Toute personne qui souhaite se placer en situation d’écoute active devra préalablement faire un travail sur lui-même dans l’objectif d’accepter l'idée que ses valeurs n'ont de la ... valeur, qu'à la condition de les faire vivre avec les valeurs de l'autre.

Quel est l'intérêt pour les entreprises de former leurs managers à l'écoute active ?

C'est la quête de sens. Elle doit être plus que jamais au cœur de la stratégie de toute entreprise.

Communiquer sa vision de la mission, du projet de l’entreprise, en démontrant sa seule nécessité provoque généralement des résistances de certains collaborateurs.

Former les managers à l’écoute active, c’est leur donner les outils pour créer les conditions de la véritable « COMMUNICATION », au sens étymologique du terme : la création d’une action unique en commun à une action partagée.

Tout manager souhaite que son équipe soit à 100% performante, ce qui est conditionné par un niveau de motivation à 100%.

Cette motivation suppose que l’équipe ait connaissance de sa mission commune : la réponse à la question « pourquoi sommes-nous ensemble ? ». Cette question est intimement corrélée à l'opportunité pour chaque collaborateur de révéler sa mission individuelle et de percevoir en quoi elle peut s'aligner avec celle du collectif dans lequel il est inscrit. Voilà, au fond, la quête de sens qui anime tout être humain. En outre, si l’on fait ce travail d’éclairage permettant à chacun de se connecter à sa mission et de mettre en lumière en quoi celle-ci peut être nourrie au travers de sa contribution dans l'entreprise, vous prévenez de manière durable les conflits et les dysfonctionnements émotionnels qui se traduiraient sinon, à court ou moyen terme, en conflits relationnels ou internes.

AS-TU DES CONSEILS POUR PRATIQUER CETTE ÉCOUTE ACTIVE ?

Il n’existe pas, à proprement parler, de boite à outils dans laquelle nous pourrions venir piocher, même si Robert DILTS (scientifique américain) a défini une méthode de cheminement permettant de mesurer l'articulation entre compétences, valeurs, identité et mission.

Cette technique suppose que chaque individu ait préalablement expérimenté pour lui-même, ce qu’est une écoute active authentique. A défaut, tous les conseils que nous pourrions lui prodiguer (comme par exemple ne pas interrompre le propos de l’autre, rester en posture d'ouverture, etc.) ne resteront que des injonctions, vides de sens.

Avant de demander à un manager de mettre en pratique l’écoute active, il faut lui permettre d’en comprendre le mécanisme.  Il doit apprendre à développer son potentiel d’écoute et de s’appliquer à lui-même cette quête de sens, afin de maitriser sa relation à autrui. En effet, une mauvaise pratique de l’écoute active peut facilement produire l’effet inverse de celui escompté. La formation de l’écoutant à cette technique est, dès lors, essentielle.

La citation de Carl ROGERS résume bien cette idée : « les seules connaissances qui puissent influencer le comportement d’un individu sont celles qu’il découvre par lui-même et qu’il s’approprie ».

Le contrat d’apprentissage :
un net regain d’intérêts

LE SAVIEZ-VOUS ?

Par Nicolas BARRE

Le nombre de contrats d’apprentissage conclus ne cesse d’augmenter depuis ces trois dernières années : 297000 en 2017, 318000 en 2018 et déjà près de 310000 à fin mars 2019.

Malgré tout, en France, on ne compte que 400 000 apprentis, soit 7% des jeunes de 16 à 25 ans, alors que la moyenne est de 15% dans les autres pays européens.  Il pâtit d’une image négative, peu aidé par une législation qui a longtemps été dissuasive.

La loi du 5 septembre 2018 dite Loi "Avenir professionnel", vient réformer en profondeur l'apprentissage avec notamment 5 mesures phares, entrées en vigueur au 1er janvier 2019 et destinées à favoriser son développement :

  • Durée du contrat pouvant varier entre 6 mois et 4 ans ;
  • Droit d’embaucher des jeunes âgés de 16 à 29 ans révolus mais aussi ceux qui préparent un diplôme ou titre supérieur, des travailleurs handicapés, des personnes ayant un projet de création ou de reprise d’entreprise et des sportifs de haut niveau ;
  • Si l'organisation collective du travail le justifie, dérogation à la durée hebdomadaire de travail effectif de 35 heures, dans la limite de 5 heures, et à la durée quotidienne de travail effectif de 8 heures, dans la limite de 2 heures ;
  • Faculté d’exécuter le contrat dans un pays hors Union Européenne, à condition que la durée du contrat en France soit au minimum de 6 mois ;
  • Droit à la rupture unilatérale du contrat sans recours devant le Conseil de Prud'hommes.

Les avantages pour l'eNTREPRISE

Cet assouplissement de l’apprentissage ne manque pas d’intérêt pour les entreprises. Le premier est de pouvoir former sur le long terme un futur collaborateur à vos propres méthodes de travail, pour autant que le recrutement, le suivi et la formation des futurs apprentis soient aussi exigeants que ceux des autres salariés. Un enjeu qui peut nécessiter de modifier vos pratiques et votre organisation.

Grâce au renforcement du rôle de maître d’apprentissage, vous accompagnez parfaitement votre politique intergénérationnelle pour répondre à l’enjeu de la transmission et la préservation de vos savoir-faire, quand ce n’est pas de votre propre entreprise, dans un contexte d'allongement de la vie professionnelle mais aussi de vieillissement.

Financièrement, vous bénéficiez principalement, sous condition d’effectif (< 250 salariés) d’une aide unique désormais de 4 125€ la première année, d’aides spécifiques pour les apprentis reconnus travailleurs handicapés, et de la réduction générale des cotisations patronales, dite Loi Fillon, concernant les rémunérations n'excédant pas 1,6 SMIC.

Alors, qu’attendez-vous ? N’hésitez pas, lancez-vous, c’est le moment.

n.barre@legal-resources.eu

L’ENVIRONNEMENT NOUS EMPÊCHERA
T-IL UN JOUR DE TRAVAILLER ?

FIGURE LIBRE

La figure libre est l'espace de liberté laissé à l'un de nous pour parler de son métier, de l'une de ses passions, d'un roman, d'une exposition ou de tout autre sujet. Nous pouvons y dresser un portrait, faire un interview ou y jeter un billet d'humeur.

Par Laura TREBUCQ

Le 3 octobre dernier, le Président de la République Emmanuel Macron animait à Rodez un débat riche et animé sur la réforme de nos régimes de retraite. La mise en œuvre de cette réforme est annoncée pour 2025 avec un point de convergence en 2040.

En juillet dernier, Jean-Paul Delevoye, désormais haut-commissaire aux retraites délégué auprès de Mme Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, remettait ses préconisations dont celle du recul de l’âge légal de départ à la retraite à taux plein de 62 à 64 ans, voire plus tard, afin de pallier à la dégradation du ratio cotisants/retraités.

Dans le même temps, à l’heure où l’Amazonie, poumon de notre planète, est anéantie par de nombreux feux et où le réchauffement climatique semble devenu une fatalité, je suis frappée par l’absence de la question environnementale dans ce débat.

Car la question est légitime : Serons-nous réellement en capacité de travailler plus longtemps alors que les conditions environnementales nous seront encore plus défavorables ? Combien d’actifs seront prêts à continuer de travailler au moins jusqu’à  64 ans et en réalité beaucoup plus tard ?

Les conséquences de la dégradation de l’environnement sur notre santé, en particulier dans un environnement de forte concentration urbaine, ne sont pas anodines et sont déjà notre quotidien : perturbation de la croissance, maladies respiratoires et cardio-vasculaires, baisse de la qualité de vie, stress, allergies, etc. 

Selon la majorité des scientifiques, le pire reste à venir.

Même si l’être humain est dotée de cette extraordinaire capacité à s’adapter, de telles dégradations sanitaires et climatiques joueront nécessairement sur notre aptitude à travailler et ce, malgré les progrès constants de la médecine, mais dont la majorité de la population mondiale ne bénéficie pas.

Au dérèglement climatique mondial viendra celui donc du travail.

Dans un tel contexte, nos entreprises,  là où elles peuvent déjà agir, ont une responsabilité existentielle : celle de la santé au travail des salariés.

Au-delà des questions de performance, de rentabilité ou encore d’attractivité, l’un des enjeux sera de pouvoir compter sur des actifs capables de travailler jusqu’à l’âge de départ à la retraite et après.

Seul le temps nous le dira.

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